Jennifer Hillhouse

Propos recueillis par Elodie Villalon
Photographies : Jennifer Hillhouse


Empreintes de tonalités marines, les créations subtiles de Jennifer Hillhouse sont une ode à la beauté sauvage des côtes Australiennes, où l’artiste vit et nourrit sa créativité aux multiples facettes.

Relief Expérience est allé à la rencontre de cette céramiste, designer et photographe qui nous transporte dans son univers bleuté à mi-chemin entre l’Australie et la France. 

Portrait d’une artiste talentueuse et plurielle qui s’inspire de la nature, l’expérimente et l’utilise comme matière première dans la fabrication de ses pièces uniques.

La créativité comme moteur de vie

Après avoir obtenu un diplôme en design de communication, Jennifer a rapidement exploré un large éventail de métiers et s’est spécialisée dans divers domaines artistiques : design, photographie, stylisme, événementiel, etc., l’artiste compte aujourd’hui de multiples casquettes et se définit comme une véritable touche-à-tout créative. Jennifer mène de front ses activités de photographe et designer auxquelles s’ajoutent les projets inspirants qu’elle partage avec son mari originaire de Normandie, JC Lehuby. Installés avec leur enfant dans la ville ensoleillée de Brisbane, Jennifer Hillhouse et son mari, sont notamment les fondateurs de Vieille Branche, lieu alternatif fermé depuis 2018 où se mêlaient ateliers d’artisanat, bistrot français, expositions, marchés de designers ou encore événements de jazz manouche. Amoureux de la beauté des grands lacs, ils ont aussi rénové et designé The Cold Water Cabin, un cottage au bord de l’eau, niché en pleine nature sauvage de Tasmanie.

L’artiste façonne des pièces aux formes subtiles, avec le souhait que celles-ci deviennent des objets familiers entre les mains de chaque utilisateur

Créer, explorer, et donner vie à la matière

Sa rencontre avec l’univers de la céramique survient à la naissance de sa fille Manou. Période intense et chargée professionnellement, Jennifer prend conscience de son besoin de s’échapper d’un quotidien routinier pour se (re)connecter à ses mains et laisser libre cours à son esprit créatif. C’est à l’occasion d’un workshop de céramique organisé au sein de la Vieille Branche, que Jennifer fait la rencontre de la céramiste Creina Moore. Débute alors l’initiation de Jennifer. Grâce à Creina, elle intègre le studio de céramique Clayschool dans lequel elle apprivoise cette nouvelle pratique et se perfectionne pendant cinq années sous la direction de Ray Cavill. Aujourd’hui devenue assistante du studio, Jennifer continue d’apprendre et expérimenter, avec cette même curiosité et sensibilité à la matière.

Un lien familier entre la créatrice et son utilisateur 

Jennifer aborde la fabrication de ses pièces comme une occasion de créer un lien entre elle et son utilisateur. A la fois esthétiques et fonctionnelles, les œuvres de l’artiste sont le résultat d’un processus créatif instinctif auquel vient s’ajouter la technicité d’une designer. Dans son processus créatif, Jennifer explore la matière et ses contraintes pour en extraire tout le potentiel. Cette perpétuelle recherche donne lieu à la création d’associations singulières et élégantes, auxquelles s’ajoutent comme s’en amuse Jennifer, des petites touches de maladresse ou d’humour.

La mer comme source intarissable d’inspiration

Largement influencée par les côtes australiennes et françaises, on retrouve en filigrane des créations de Jennifer Hillhouse des notes salines et bleutées d’un univers marin qu’elle affectionne tant. Bercée par les flots de Stradbroke Island et de la côte de Brisbane dans son enfance, elle s’initie au surf dès son plus jeune âge et entretient avec l’océan une relation forte. Ce lien passionnel presque essentiel nourrit quotidiennement l’artiste, dans sa créativité comme dans le maintien de son équilibre personnel. 

Sa rencontre avec son mari en France fut également une étape marquante et fertile pour l’artiste. Fascinée par la vie des pêcheurs normands et toute l’identité qui en découle, cette découverte de la culture française du bord de mer, riche d’histoires et de chants marins, en décalage avec la culture australienne de la plage a été pour elle une source d’inspiration évidente. S’en suivirent alors, différentes séries de pièces directement inspirées de la culture de la pêche ; tons orangers et rayures marines à la française prirent dès lors une place importante dans les créations de l’artiste. 

La nature comme matière à composer

Sensible aux souvenirs et à l’histoire qui imprègne les lieux et espaces qui nous entourent, Jennifer entretient un lien presque affectif avec son environnement. La nature sauvage se traduit comme un véritable terrain de recherche et d’expérimentation pour l’artiste, qui, comme pour enrichir son cabinet de curiosité, collectionne et prend des photos de pierres et de falaises, attentive aux formes qu'elles créent et aux sentiments qu'elles inspirent.

À l’écoute des sensations nouvelles que lui procurent les paysages qu’elle sillonne, elle se rend aussi souvent que possible dans ses lieux de prédilection parmi lesquels figurent notamment Stradbroke Island, Central Highlands, la Manche et la Normandie. Pour aller au bout de sa démarche créative, Jennifer valorise les matières naturelles trouvées au sein de ces mêmes lieux, en les intégrant dans ses matériaux de fabrication. 

Récemment, l’artiste a travaillé sur une glaçure composée de craie broyée provenant des falaises normandes. Les pierres ponces provenant de promenades sur la plage de Stradbroke ou l’argile sauvage trouvée dans le lac de Miena en Tasmanie figurent quant à eux dans la liste des prochaines expérimentations de l’artiste. L’utilisation de ces matières naturelles, chargées d’énergie marine, terrestre et végétale, est également une façon de capturer des fragments de vie de ces lieux, qu’elle immortalise dans chacune de ses oeuvres.

La nature sauvage se traduit comme un véritable terrain de recherche et d’expérimentation pour l’artiste, qui, comme pour enrichir son cabinet de curiosité, collectionne et prend des photos de pierres et de falaises, attentive aux formes qu’elles créent et aux sentiments qu’elles inspirent.

Une première exposition solo

La première exposition solo de Jennifer Hillhouse Stones and Structures of the Sea, présentant les céramiques et photographies de l’artiste a débuté le 21 mai 2021 et s’est achevée le 23 mai 2021 dernier à Vacant Assembly, 266 Montague Rd, West End Brisbane.

 

 

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