Tout quitter – Anaïs Vanel

Un jour, j’ai acheté un Berlingo, j’ai mis quelques cartons dans le coffre et je suis partie.
— Extrait

Quel plaisir que ces mots subversifs d’Anaïs Vanel pour débuter son premier livre paru fin 2019 chez Flammarion. Tout quitter est l’autobiographie romancée d’une reconstruction, d’un Paris et d’un job d'éditrice dénués de sens vers la simplicité d’une Hossegor embruinée. 

L’ouvrage est scindé en quatre chapitres, intitulés en fonction des saisons. La première page évoque l’emménagement d’Anaïs à l’automne, temps propice au retour à soi ici si symbolique. Grâce à l’apprentissage du surf, l’auteure va, à son rythme, « sortir la tête de l’eau ». Encore une fois preuve que la symbolique, c’est le dada d’Anaïs Vanel. Chaque page équivaut à un instant de cette nouvelle vie iodée, contée d’une plume ciselée à la Duras, où tente d’enfin s’enraciner l’auteure adoptée toute petite et d’autant plus questionnée par la difficulté de cette tâche.

Le bruit des vagues, l’odeur des pins et des gaufres brûlantes des échoppes estivales… Les mots sensibles d’Anaïs Vanel. Difficile de ne pas s’enivrer de ce repas ou de ce verre, dans une petite cabane face à la mer, qui nous manquent tant. Difficile aussi de résister au souvenir d’Anaïs enfant, pourtant moins désirable, d’une R5 à l’atmosphère suffocante sur la route des vacances. Une bouffée de liberté qui a marqué bien de jeunes esprits aujourd’hui trentenaires.

C’est avec cette enfant que l’auteure essaye de renouer, flash-back à l’appui, avant qu’elle ne soit claustrée dans un monde du travail codifié et des chemins tout tracés. Une enfant perdue en quête de sens, qui vous fera peut-être écho.

L’auteure démolit ses croyances et s’interroge notamment sur l’entre soi de sa vie passée, prison dorée où l’on se meurt de la prétention ou la peur de ne plus vouloir être débutant. Anaïs Vanel chamboule notre perception du temps, faisant de l’été éphémère un quotidien heureux et sensé. Plus besoin de s’y soumettre, il semble si facile de le suspendre, de le modeler, de le faire durer, de tout quitter soi aussi en s’autorisant à mener une autre vie, voire même plusieurs. Rendez-vous pour cela avec Le Nouveau monde, le second livre de l’auteure à paraître en septembre, inspiré par la suite sous des latitudes plus exotiques.


Article rédigé par Amandine Bessard, journaliste indépendante

 
 

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