La cérémonie du thé

D'un acte simple en apparence, le Japon a réussi à faire de la cérémonie du thé, un Art poussé jusqu'au rituel associé à une véritable philosophie de vie. Cette cérémonie, de son appellation japonaise chanoyu est à la fois le point de départ et de convergence d'arts et de concepts tant éthiques qu'esthétiques qui constituent les fondements et l'originalité de la Culture japonaise. 

Initialement pratiquée par les samouraïs en quête de paix intérieure, alors que leur pays était la proie de guerres incessantes, la cérémonie du thé trouve également aujourd'hui tout son sens, dans un monde moderne en quête de sérénité.

Le Japon a réussi à faire de la cérémonie du thé un Art poussé jusqu’au rituel associé à une véritable philosophie de vie.

Son apprentissage nécessite un processus bien particulier, et requiert la maîtrise parfaite des nombreux accessoires et différents gestes. 

Le matcha, élément central de la cérémonie du thé

C’est au XIIe siècle qu’apparut le matcha, thé vert broyé entre deux pierres jusqu’à en être réduit en poudre. Originaire de Chine, il fut introduit au Japon par le moine Eisai, qui fut également le pilier du bouddhisme zen au Japon. L’utilisation du matcha fut d’abord exclusivement religieuse dans les monastères bouddhistes, puis l’habitude fut prise dans ces monastères de servir du thé aux visiteurs importants, en l’occurrence les samouraïs et les nobles japonais. Parallèlement, les coutumes chinoises délaissèrent le thé en poudre alors qu’il devenait de plus en plus connu et utilisé au Japon.

À partir du XVIe siècle, l’usage du thé se répandit dans toute la société japonaise avec l’ouverture des maisons de thé ou ochaya, qui virent par la suite apparaître les célèbres geisha, dames de compagnie maîtrisant les arts traditionnels japonais comme la musique, la danse, la calligraphie mais aussi la cérémonie du thé.

Originaire de Chine, le thé matcha fut introduit au Japon par le moine Eisai, qui fut également le pilier du bouddhisme zen au Japon

Les fondations

À la même époque, trois moines, Murata Shuko, Takeno Jo et Sen no Rikyu, posèrent les fondations du rituel de la préparation et de la dégustation du thé.

Murata Shuko (1422 – 1503) émit le premier l’idée que la préparation et la dégustation du thé peuvent être pratiquées comme un exercice de méditation correspondant à la philosophie du bouddhisme zen.

Takeno Jō (1504 – 1555) plaida pour l’abandon de l’ostentatoire dans les ustensiles et les lieux utilisés pour le chanoyu. Conformément aux idées de Murata Shuko, il conçut spécialement pour la cérémonie du thé des ustensiles d’un style très simple, ainsi qu’un petit meuble destiné à les ranger et qui est toujours en usage de nos jours.

Enfin, le maître de thé Sen no Rikyū (1522 – 1591) imposa pour la cérémonie du thé le style wabi, celui du raffinement sobre et calme, qui préside encore à l’organisation de la cérémonie du thé de nos jours.

Une incitation à contempler la beauté

Encore aujourd’hui, la cérémonie du thé est imprégnée de l'esprit du "Wabi-Sabi", concept prônant l’acceptation de nos imperfections mais aussi de celles du monde qui nous entoure. Outre les idées de simplicité, de pureté et de sobriété, le Wabi-Sabi prône l'harmonie avec la nature, la beauté ne se situant pas dans une artificialité sans défaut, mais dans la spontanéité et l'absence de prétention de l'imperfection naturelle.

La présence des pavillons de thé ou chashitsu au milieu d’un jardin incite, sur le chemin, à contempler la nature et méditer sur sa beauté. L’aspect dépouillé des pavillons et leur décoration minimaliste mais soignée permet de contempler les splendeurs de la simplicité.

Enfin, la cérémonie du thé, par ses différents éléments, est une synthèse de nombreux aspects du bouddhisme zen, tout en n’ayant au fond pour seul but que celui de préparer et boire un bol de thé. Sen no Rikyū écrit ainsi : « Le thé n’est rien d’autre que ceci : faire chauffer de l’eau, préparer le thé, et le boire convenablement. »

Les principes de base

Les quatres principes de base de la cérémonie du thé s'expriment par les caractères "Wa - Kei - Sei - Jaku":

  • "Wa", l'Harmonie, valeur fondamentale de la pensée japonaise, est ici celle qui doit régner entre l'hote et ses invités, les saisons et les ustensiles utilisés;

  • "Kei", le Respect, valeur fondamentale de l'esprit Confucéens, est ici le respect entre les personnes, mais aussi vis à vis des objets et du thé lui même;

  • "Sei", la Pureté, une valeur mise en avant par le Shintoisme, est pour les participants à la fois physique et spirituelle, les rituels de purification étant omniprésents tout au long de la cérémonie. La pureté concerne également le thé lui même, qui ne doit pas être mélangé à quoi que ce soit;

  • "Jaku", la tranquilité de l'esprit, ne peut être atteinte qu'au travers de la réalisation des 3 premiers principes.

Appliqués au quotidien comme valeurs universelles, ces quatres principes définissent aussi la voie du thé, véritable philosophie de vie...


Cet article a été rédigé à partir des écrits suivants :