Mirlo : soins botaniques fabriqués dans la Drôme

Texte : Mirlo
Photographies : Ghislain Mirat


Graphiste de formation, Julie s’est reconvertie récemment dans le domaine de la savonnerie et a fondé sa jeune marque Mirlo. Passionnée par les multiples ressources et vertus des plantes, elle s’est rapidement spécialisée dans la saponification à froid, méthode de fabrication lente permettant de créer des savons esthétiques et bienfaisants tout en valorisant un retour à des savoir-faire ancestraux. Lors de notre rencontre autour d’un café lyonnais, Julie a partagé avec nous sa volonté de proposer des produits utiles, conformes à ses valeurs. Et le pari est réussi. Mirlo est une entreprise engagée, créative et inspirante. Rencontre avec sa fondatrice.

Les savons Mirlo - ©Ghislain Mirat

Quel est ton parcours ?

J’ai un parcours assez atypique. Après un passage en fac de bio et un diplôme en Diététique en poche, j’ai intégré un BTS Design graphique. Après quelques années d'expérience dans le domaine de la création à Londres puis à Lyon, j’ai eu envie d’élargir mes champs d’expérimentations. 

Mon père étant agriculteur et dédiant une partie de mes étés à la cueillette d’abricots, j’ai développé un réel intérêt pour les plantes, leurs vertus et le travail de la terre.

Comment t’es venu le désir de te reconvertir ? Comment t’es-tu formée ? 

J’avais le sentiment de ne pas être à ma place en tant que graphiste. Les nombreuses heures face à l’écran ont rarement été source de plaisir pour moi. J’ai entamé un tournant professionnel fin 2017. Mon père étant agriculteur et dédiant une partie de mes étés à la cueillette d’abricots, j’ai développé un réel intérêt pour les plantes, leurs vertus et le travail de la terre. Ma mère était aussi très branchée new-age : les huiles essentielles avaient une place de choix dans l’armoire de la salle de bain. C’est assez naturellement que je me suis d’abord tournée vers une formation en herboristerie familiale à l’École des plantes médicinales de Lyon. Je faisais de mon côté pas mal d’expérimentations personnelles autour des produits de soins DIY et j’ai été conseillère en cosmétique naturelle dans un magasin. Ce fût le déclencheur :  j’ai testé la technique de saponification à froid et j’ai tout de suite été séduite. C’est très addictif. Les encouragements de certain-es ami-es vers cette voie m'ont aidé à prendre confiance et à réaliser que cette activité englobait potentiellement tout ce que j’aimais. J’avais depuis toujours le souhait d’être à mon compte. J’ai donc suivi quelques mois plus tard une formation en technique de savonnerie et réglementation à l’abbaye de Valcroissant. Il s’est passé un peu moins de 2 ans entre l'ébauche du projet de savonnerie et le lancement officiel de Mirlo en Décembre 2020.

Les savons Mirlo - ©Ghislain Mirat

Les savons Mirlo - ©Ghislain Mirat

Les savons Mirlo - ©Ghislain Mirat

Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton entreprise, Mirlo ?

Mirlo est une micro-collection de soins botaniques fabriquée en Drôme. Je suis la seule aux commandes depuis bientôt 1 an et c’est une aventure intense mais enrichissante. Au fil de mes pérégrinations professionnelles, Mirlo est devenu une évidence : un mélange de rigueur scientifique et de travail de composition plus artistique. J'avais à cœur de valoriser des matières brutes, des plantes familières et puissantes. Le savon était le médium parfait pour proposer des produits utiles, conformes à mes valeurs, avec une approche créative. Le choix de Mirlo est, entre autres, un clin d'œil au village où j’ai grandi, qui porte le doux nom de Chantemerle-les-blès. :)

Le savon était le médium parfait pour proposer des produits utiles, conformes à mes valeurs, avec une approche créative

Quels ont été les principaux freins et leviers à la création de ton entreprise ?

Le domaine de la cosmétologie est extrêmement réglementé. Lorsque je me suis rendue compte des diverses démarches et contraintes liées à la pratique, de l’investissement financier que cela représentait, j’ai été un peu découragée. Le chômage m’a clairement aidée à me lancer sans passer par la case de prêt bancaire. J’ai également eu la chance de travailler de concert avec une autre savonnière en cours d’installation sur la partie réglementaire. Cette entraide fût un réel soulagement. J’ai globalement été très bien entourée : mes ami-es de Faire projects ont créé mon identité graphique ainsi que mon e-shop. Mon copain réalise les shootings photo.


Quelles sont les valeurs que tu souhaites défendre à travers ton activité ? 

La production à échelle humaine et le respect du vivant dans sa globalité. Un sourcing transparent avec la volonté de valoriser des plantes que l’on apprend à connaître et aimer. Un retour à l’utilitaire via un processus qui prend du temps, qui peut-être parfois capricieux, qui s’apprivoise. 

Les savons Mirlo - ©Ghislain Mirat

Les savons Mirlo - ©Ghislain Mirat

Peux-tu nous expliquer plus en détail le processus de création de tes savons ? 

En amont, le processus est assez créatif : c’est un jeu de composition, de choix de couleurs et de parfums, les possibilités sont infinies. Quand on passe à l’étape de fabrication à l’atelier, c’est un processus très rigoureux : il faut suivre les grammages à la lettre pour que le savon ne soit ni caustique, ni trop riche en graisse. Ça se rapproche beaucoup de la cuisine : hors soude caustique, toutes les matières que j’utilise sont comestibles. Le savon, c’est simplement un mélange d’huiles avec un alcali. Après 24h, on découpe le pain de savon et on le laisse “curer” - sécher pendant minimum 4 semaines. 

La fabrication de savons se rapproche beaucoup de la cuisine. Tous les ingrédients que j’utilise, hormis la soude caustique, sont comestibles

Les savons Mirlo - ©Ghislain Mirat

Façonnage de savons - Mirlo

Cueillette de fleurs, sourcing de tes matières premières, fabrication de tes packaging, etc. Mirlo est une entreprise engagée qui prône une approche locale. Peux-tu nous en dire un peu plus ?  

J’ai beaucoup aimé l’étape de tests et de sourcing. Lorsque j’hésitais sur le choix d’un ingrédient lors du développement de mes formules, les propriétés de cette matière entraient en compte, mais son lieu de production et son rendement aussi. Par exemple, l’huile essentielle de lavande fine est très précieuse, son rendement est faible, ainsi, j’ai préféré choisir le lavandin grosso qui nécessite moins de fleurs pour un même volume final. J’ai l’immense chance d’avoir des immortelles sauvages présentes dans les champs en friche de mon père. C’était évident que j’allais les intégrer dans certaines de mes formules. 

C’est très stimulant d’avoir la main sur tous les choix liés à son entreprise. Cela permet d’être en alignement total avec ses valeurs personnelles. Au fil de la création de Mirlo, je me suis confrontée à des contraintes et des compromis : abandonner par exemple le “100% français” car je ne voulais pas compromettre la qualité de mon produit. Cela impliquait d’utiliser certaines matières non locales pour les savons. L’huile de coco, par exemple, va permettre d’avoir un savon qui mousse. C’est pourquoi j’ai souhaité que ces matières non françaises soient certifiées équitables, en plus du label bio. Je rééquilibre ces “échecs” en faisant d’autres choix éthiques, comme le fait de faire appel à un imprimeur de la région et d’utiliser des papiers Écossais de grande qualité pour mes boîtes à savon.


Tu as récemment sorti un sérum anti-oxydant. Peux-tu nous parler de sa composition et de la façon dont tu l’as pensé et fabriqué ?

Le duo sérum huileux/savon est un merveilleux starter pack pour une routine de soin du visage simple, écologique et efficace. Ce sont deux produits que j’adore et que j’utilise au quotidien. Je souhaitais créer une synergie régénérante avec des plantes complémentaires et 100% françaises (de quoi prendre ma revanche avec les frustrations évoquées plus haut!). J’ai fait testé ces formules à des ami-es et l’on est tous tombés d’accord sur la grande favorite. Il était important pour moi de ne pas utiliser d’huiles essentielles ni de parfum pour que l’huile soit la plus douce et inclusive possible. L’huile de prune a naturellement une fabuleuse odeur d’amande amère, ça rend le produit très agréable à l’application. 

Huile régénérante Mirlo - ©Ghislain Mirat

Huile régénérante Mirlo - ©Ghislain Mirat

Le fait d’avoir la main sur tous les choix de son entreprise permet un alignement total avec ses valeurs personnelle

Quels sont tes projets à venir et tes perspectives d’évolution ?

Je rêve de trouver un nouveau labo plus grand, et baigné de lumière ! Et, pourquoi pas, profiter de ces m2 en plus pour transmettre mes connaissances en organisant des ateliers de fabrication de savons. Continuer également les collaborations avec d’autres artisans : pour les fêtes, j’ai choisi de m’associer avec des céramistes pour proposer des coffrets savons + porte-savons. Dans le futur, j’aimerais maintenir mon axe artisanal tout en développant la visibilité de Mirlo. 

Pourrais-tu nous partager une petite routine de soin 100% Mirlo ?

Une routine du soir on ne peut plus minimaliste :

  1. Huile de chanvre bio pour le démaquillage, lorsque nécessaire (pas disponible chez Mirlo mais dans tous les magasins bio, oui !)

  2. Savon et eau chaude pour le nettoyage

  3. Huile régénérante et massage doux improvisé du visage 


En savoir plus sur Mirlo

@mirlo.soap

www.mirlo.fr

Galerie